Puisant ses racines dans des pratiques agricoles aussi anciennes qu’éprouvées, sachant également intégrer les avancées technologiques, la Bio connait aujourd’hui un succès international qui n’a cessé de croître au cours des 30 dernières années.
Forte du soutien apporté par des consommateurs chaque jour plus nombreux, la Bio constitue aujourd’hui un écosystème mature et résilient, allant de la production de matières premières (végétales et animales) jusqu’aux produits transformés alimentaires mais aussi non alimentaires (textiles, cosmétiques ou d’entretien).
Avec en France plus de 7 Mds de chiffre d’affaire en 2017 (30 Mds en Europe), la Bio occupe aujourd’hui une place reconnue dans l’économie française et européenne : secteur créateur d’emploi, qui a traversé les crises sans cesser de croître, la Bio représente une alternative crédible au modèle agricole dominant.
Depuis ses origines, la Bio a mis en place des pratiques et des règles qui lui sont spécifiques afin de pouvoir garantir les valeurs qu’elle défend : respect envers la terre et ceux qui la cultivent ; respect dans tous les échanges économiques, avec une juste répartition des richesses créées ; respect enfin, du consommateur, avec des produits aux qualités organoleptiques, nutritionnelles et environnementales garanties par des systèmes de certification et de traçabilité contrôlés par des organismes tiers.
Cette exigence fondatrice a permis l’éclosion d’un système économique propre à la Bio.
Le secteur présente effectivement cette originalité de bénéficier de ses propres réseaux de distribution spécialisés (Biocoop, La Vie Claire…), d’entreprises de transformation 100% Bio, de filières dédiées et durables, d’un réseau de distribution court basé sur un tissu associatif aussi puissant que novateur (AMAP, GAB, La Ruche qui dit Oui…) ou encore d’organismes de certification spécialisés.
Ce faisant, la Bio se différencie des modèles économiques traditionnels qui sont ceux d’une économie du « jetable », y compris des emplois.
Soucieuse de sa durabilité, et forte de son exigence, c’est dans une démarche d’amélioration continue permanente que la Bio s’est immédiatement associée à toutes les initiatives permettant d’aller vers une économie plus vertueuse : commerce équitable, responsabilité sociétale, économie circulaire… Autant d’enjeux adoptés et portés par les entreprises du secteur Bio.
Respectueuses de l’homme et l’environnement, les entreprises Bio produisent dans un respect optimal de la nature. Elles respectent le lien au sol, elles contribuent à constituer des sols fertiles et vivants, flore microbienne, insectes, vers de terre…
Les entreprises de la Bio contribuent à une plus grande biodiversité, elles participent à la lutte contre le réchauffement climatique et contre la destruction des milieux naturels.
Elles entretiennent la nature, jouant un véritable rôle de « jardinier de la Terre » et de gardien des paysages.
Outre les richesses économiques créées, et en plus des nombreux emplois rémunérateurs produits chaque année par le secteur, les externalités positives engendrées par le modèle Bio constituent donc également un atout sociétal précieux et un rempart vital à la protection de notre écosystème.
La Bio a toujours promu une cohérence sociale tout au long de la chaîne, liée aux valeurs de respect et de solidarité : engagement de long terme, respect des engagements, prise en compte des facteurs d’abondance ou de pénurie, fidélité, engagement à abonder des primes de développement ou de prix minimum garantis pour un commerce équitable.
La Bio a toujours cherché à privilégier ce qui peut être produit et transformé localement, en ayant un prix juste, permettant de redynamiser des « écosystèmes » de filières et de savoir-faire, dynamisant les territoires par la création de filières.
Cela correspond à la logique de l’économie circulaire où la richesse ainsi produite circule localement irrigant les emplois et les initiatives locales.
Constituée de structures se dotant d’objectifs sociétaux de long terme, la Bio a souvent permis de « réinventer l’entreprise », et surtout la place de l’homme dans celle-ci.
L’entreprise Bio est ainsi au service des salariés, et dispose généralement de méthodes de management novatrices qui participent au bien-être et au bénéfice de tous. Ces pratiques communes, partagées et promues par l’ensemble des acteurs historiques de la Bio ont permis l’émergence d’un tissu économique aussi original que performant, évoluant dans le cadre d’une concurrence saine et librement consentie.
Pour autant, les succès remportés par le modèle Bio attisent les convoitises et appétits d’acteurs économiques traditionnels. Ces derniers, sous prétexte d’en accélérer la croissance, souhaitent le débarrasser de ses valeurs et contraintes originelles qui constituent pourtant la clé de la réussite actuelle.S’ils contribuent à « développer le marché », ils en atténuent également les caractéristiques principales générant de nombreux risques d’affaiblir le modèle, de le tirer vers le bas et ainsi de le mettre en péril.
Par ailleurs, si l’arrivée d’acteurs majeurs de la production et de la distribution agro-alimentaire dans les marchés bio peut présenter quelques avantages et aider à la refonte du modèle agricole actuel, elle est aussi de nature à bouleverser l’équilibre précieux qui existait jusqu’à présent dans le secteur.Leur arrivée s’accompagne malheureusement souvent par la mise en place des pratiques mortifères ayant pourtant causé la ruine de leurs marchés originels : la performance économique comme unique objectif, le rapport de force comme unique arme de négociation, le volume au détriment de la qualité.
À l’instar de la disparition programmée de nos barrières de corail liée au réchauffement climatique, la fièvre qui gagne les marchés Bio ne risque-t-elle pas de nous mener à son extinction ?
Le combat doit se faire à toutes les étapes, un combat pour lequel Biovaleurs s’engage et veut faire s’engager tous ceux qui détiennent les clés qui permettront d’atteindre cet objectif : entreprises, associations, élus et administration.
→ les instances politiques à faire du développement de l’agriculture et de la production Bio une « cause nationale » ;
→ les acteurs du secteur à se fédérer pour organiser des « États généraux de l’alimentation Bio », permettant de fixer un cadre de négociation digne, pérenne, équitable et efficient entre tous les acteurs de la filière ;
→ à la vigilance des acteurs industriels, des associations professionnelles et des instances gouvernementales, sur l’évolution présente et future de la réglementation européenne, pour anticiper l’avenir et éviter la présence sur nos marchés d’une Bio aux exigences moindres ;
→ à un soutien réel et efficace à la conversion vers l’agriculture bio, avec un solide accompagnement à la formation, pour que
les nouveaux producteurs puissent durablement s’inscrire dans le mouvement et affronter sereinement les enjeux qu’un tel changement implique pour eux ;
→ les pouvoirs publics à faciliter le développement d’une agriculture bio de proximité permettant aux producteurs d’écouler leur production, par exemple dans la restauration collective. Et à faciliter les investissements industriels locaux qui permettront de transformer localement
les produits ;
→ les acteurs du secteur et les investisseurs à la mise en place d’outils financiers dédiés à la Bio qui permettront de conserver l’indépendance et de soutenir la croissance d’entreprises historiques de la Bio mais aussi de faciliter l’émergence de nouvelles start-ups dédiées au secteur… car la « biodiversité entrepreneuriale » de la Bio, une des clés de son succès et le moteur de son innovation, doit perdurer ;
→ les industriels à définir les limites technologiques à ne pas dépasser dans la transformation des produits pour qu’ils continuent de refléter la richesse nutritionnelle et gustative de leurs produits pour que la Bio puisse continuer d’être considérée comme une agriculture hautement qualitative ;
→ à la création d’un « comité d’éthique » de la Bio, afin de se prémunir de démarches ou technologies qui la couperaient de son lien au sol, même si ces démarches relèvent aussi d’une approche vertueuse et/ou écologique ;
→ les entreprises de la Bio à identifier, soutenir et s’engager dans les démarches volontaires qui vont dans le sens de la cohérence inhérente aux valeurs de la Bio, en matière sociale, sociétale, économique et managériale ;
→ à une réflexion permettant de qualifier une « Bio Plus » avec des critères lisibles : empreinte carbone, impact sur l’eau, proportion d’ingrédients issus de l’agriculture locale, transformation locale, valorisation des savoir-faire traditionnels, etc. ceci afin de répondre
aux attentes de plus en plus élevées et précises des consommateurs ;
→ à soutenir les magasins spécialisés, indispensables au bon équilibre des échanges commerciaux face aux grands acteurs de la GMS, car ce réseau est inhérent au succès de la Bio ;
→ à de nouveaux modes de financement pour la réalisation d’études scientifiques et à leur diffusion qui viendront confirmer l’apport positif des produits bio en matière de nutrition (diversité et concentration des nutriments…) et de bénéfices sur l’environnement ;
→ à une fiscalité incitative, impliquant une action politique au niveau européen, pour permettre à l’alimentation bio de toucher le plus grand nombre, car ces produits ne peuvent en aucun cas être éventuellement réservés aux consommateurs des classes sociales les plus élevées ;
→ à une véritable politique d’information et d’éducation des enfants sur l’alimentation, dès le plus jeune âge à l’école, pour les former à s’alimenter de façon plus équilibrée et plus saine, mais aussi pour les sensibiliser au travail et au rôle essentiel de nos agriculteurs dans
le paysage économique, écologique et sanitaire français.
La Bio est une économie alternative de long terme qui relève clairement de l’intérêt général : celui d’œuvrer pour les générations futures, en travaillant pour les humains, avec les humains.
L’ambition que doit porter la Bio en France est de faire de notre alimentation une référence mondiale, en se basant sur notre histoire, notre patrimoine, notre économie.
La Bio s’inscrit dans un véritable plan de progrès à court, moyen et long terme et répond aux enjeux de la nécessaire transition sociétale déjà initiée.
La Bio est devenue en enjeu de santé publique, il faut la protéger d’une version dénaturée en continuant à porter ses valeurs.