L’industrie de la Bio est une industrie essentiellement alimentaire, dont le but est de nourrir des hommes et des femmes. C’est une activité fondamentale qui a un vrai impact sur la vie de millions de personnes.
Pratiquer l’agriculture et l’élevage, transformer et produire des aliments relèvent donc d’une réelle responsabilité vis-à-vis des êtres humains, liée à la mission d’offrir une alimentation saine et écologique, et donc de prendre soin des personnes.
L’ambition de la Bio est de nourrir les personnes sainement et en quantité suffisante.
En produisant des aliments issus de sols vivants, riches en nutriments, transformés dans le respect de cette richesse particulière, la Bio est plus légitime pour proposer une alimentation saine que ne l’est une industrie conventionnelle usant d’artifices et d’additifs, avec des ingrédients provenant de sols appauvris et dépendant d’intrants chimiques.
Des études de plus en plus nombreuses font état des richesses en nutriments essentiels des produits bio, cultivés au rythme des saisons et du développement des plantes.
Les consommateurs sont particulièrement soucieux de l’équilibre nutritionnel des produits transformés, de l’origine des produits, privilégiant de plus en plus les produits locaux, pour le plus grand bénéfice de l’économie locale.
La Bio a toujours promu une cohérence sociale tout au long de la chaîne, liée à ses valeurs centrales de respect et de solidarité : engagement de long terme, respect des engagements, prise en compte des facteurs d’abondance ou de pénurie, fidélité, engagement à abonder des primes de développement ou de prix minimum garantis pour un commerce équitable.
La Bio cherche à privilégier ce qui peut être produit et transformé localement, en ayant un juste prix, ceci permettant de redynamiser des
« écosystèmes » de filières et de savoir-faire, dynamisant les territoires par la création de filières. La richesse ainsi produite circule localement, irrigant les emplois et les initiatives locales.
Elle est en phase avec les politiques communautaires qui œuvrent pour le développement d’une « Europe des régions ».
Elle aide aussi à restaurer les écosystèmes. En matière d’écologie au sens plus large, par ses exigences techniques et éthiques, elle impacte également positivement la conception des usines de transformation, l’utilisation des énergies, les modes de transport… jusqu’aux emballages des produits finis, éco-conçus.
Du bilan carbone à l’eutrophisation de l’eau en passant par les rejets de déchets, tous les impacts de l’entreprise peuvent être scrutés pour que la démarche soit vraiment cohérente.
La Bio favorise l’émergence d’entreprises engagées et soucieuses d’une politique RSE au cœur de la stratégie.s
Les entreprises regroupées au sein de Biovaleurs, sont représentatives des valeurs de la Bio, et d’autres entreprises engagées avec elles, sont ainsi également attentives au fait que toutes les parties prenantes, des fournisseurs aux clients en passant par les collaborateurs directs, soient associées à la croissance de l’entreprise.
Ces collaborateurs doivent bénéficier d’une transparence totale sur les objectifs de l’entreprise et être associés dans les processus de décision via des instances de représentation internes.
Ils doivent aussi bénéficier de conditions de travail optimales, qu’il s’agisse de rythme ou d’ergonomie de travail, de diminution de la pénibilité, d’hygiène ou de rémunération, ainsi que des meilleures conditions sociales.
Avec un tel mode de fonctionnement, la Bio a souvent permis de « réinventer l’entreprise », et surtout la place de l’homme dans l’entreprise, avec de nouveaux types de management et une nouvelle organisation du travail.
Dans l’esprit de la Bio, une partie de l’entreprise doit être au service des salariés, pour leur bien-être et le bénéfice de tous, ce qui permet aussi à l’entreprise de rayonner.
Les entreprises de la Bio ont une politique plus participative au partage des bénéfices avec les salariés.
Consommer bio, c’est un état d’esprit. Non seulement au regard de la santé, mais aussi parce que les consommateurs savent, et y sont de plus en plus attentifs, que la Bio est capable de garantir une rémunération équitable de tous les acteurs de la chaîne ou encore de participer au développement et à la protection des territoires.
Et comme ces consommateurs bio sont de plus en plus attentifs à ce qu’ils mangent et utilisent, ils exigent de la transparence et de la sincérité, autant de choses que la Bio a su leur garantir jusqu’à ce jour.
Aujourd’hui cependant, c’est l’esprit même de la Bio qui est menacé, confronté à de nouvelles forces, en particulier à l’intérêt que son succès a fait naître auprès d’autres circuits et industriels qui, pour la plupart, ne partagent pas ses valeurs historiques.
En réponse, l’industrie de la Bio ne doit cependant pas s’écarter de ses valeurs d’origine, partagées par tous les acteurs, de l’agriculteur au détaillant en passant par les transformateurs et les certificateurs, au risque de tomber dans les travers des industries conventionnelles.
Car faire des produits bio, ce n’est pas seulement faire des produits sans contaminants (pesticides, etc.) au prix le plus bas.
En matière de production et de transformation, l’apparition probable de plus en plus d’acteurs « mixtes » (bio et non bio), attirés par les aspects économiques (financiers) de la Bio, sans adhésion à ses valeurs et à sa vision initiale, est en l’occurrence la porte ouverte à de nombreux risques, qui ne se limitent pas à celui des contaminations croisées (pesticides et autres polluants).
Une éventuelle course aux prix bas induite par ces nouveaux acteurs peut en effet amener à chercher, pour alimenter le marché, des produits bio, bruts ou transformés, hors de nos frontières, avec une inévitable baisse de qualité, une absence de développement local en France, et des agriculteurs qui finalement ne seront pas rémunérés suffisamment pour gagner leur vie, ici ou ailleurs.
La Bio a su tirer vers le haut de nombreuses filières de production, végétales ou animales, en France notamment et aussi à l’étranger. Réduire la Bio à des produits sans présence de pesticides et au prix le plus bas possible est un chemin dangereux.
Comme l’actualité le prouve depuis des années, l’agriculture, l’industrie et la distribution conventionnelles ont clairement montré qu’elles avaient échoué dans leur mission de rémunérer correctement les agriculteurs et de partager les bénéfices de la chaîne de valeurs créés.
Jusqu’à ce jour, le mode de fonctionnement de la Bio, basé sur le respect, la solidarité et des valeurs humanistes, a su éviter un mode de fonctionnement pyramidal, dans lequel seules quelques rares centrales d’achats contrôlent toute l’économie, sans considération des hommes qui la font vivre, et où la finance profite de la concentration des pouvoirs.
Par l’arrivée de nouveaux acteurs qui ne sont pas issus du monde la Bio, ou même en raison des contraintes économiques (« guerre des prix ») qui encourageraient peut-être certaines entreprises bio à devoir / vouloir copier les modes de fonctionnement des industries conventionnelles, le risque d’une perte de ces valeurs humanistes est certain.
La continuation de la réussite de la Bio ne viendra pas en reproduisant le modèle de l’industrie et de la distribution conventionnelles, ni d’ailleurs en s’y opposant.
C’est au contraire en changeant la façon de fonctionner de la grande distribution conventionnelle que la Bio connaîtra le succès.
La Bio doit ainsi continuer à être un modèle économique qui garantit et défend une rémunération juste et adaptée de tous les acteurs de la chaîne.
Il est impératif d’avoir des relations équilibrées entre toutes ces parties (producteur, transformateur, distributeur), avec sinon le danger de voir finalement l’appauvrissement des producteurs, une destruction des filières et, pour le consommateur, une qualité moindre des produits.
Il est donc important que la distribution spécialisée continue à porter les valeurs historiques de la Bio, comme elle l’a toujours fait, car elle joue un rôle majeur dans le modèle économique que cette Bio représente.
Une des différences est entre autres que le réseau spécialisé représente une richesse et une diversité de productions et d’enseignes que la grande distribution n’offre pas par son ancrage dans la distribution de masse.
Par ses pratiques parfois prédatrices, qui consistent à vendre le moins cher possible la plus grande quantité possible, la grande distribution n’est pas compatible avec l’état d’esprit général de relations apaisées et bienveillantes prônées dans le monde de la Bio, et encore moins avec le principe d’une juste rémunération des acteurs en amont.
Pour cela, la politique des prix doit impérativement s’appuyer sur les coûts de production.
Toutes les parties prenantes des filières, jusqu’au consommateur, doivent être à l’écoute des producteurs, ce qui n’est pas le cas en conventionnel, malgré les annonces faites dans le cadre des États Généraux de l’Alimentation (EGA).
L’alimentation a un prix et elle ne doit pas devenir le champ clos d’une bataille sous prétexte de prendre des parts de marché, bataille dont la seule issue ne peut être qu’une Bio dévalorisée.